Et si la politique comme l’histoire bégayait…
Et si…
Si le fascisme n’avait pas dit son dernier mot. Si l’ubérisation de nos sociétés ouvrait la voie à un nouvel esclavage avec la précarisation du travail hors de toute protection légale. Si le quatrième pouvoir subissait le même discrédit que les autres. Si la violence des guerres et des conflits était sans fin. En fait, si la dystopie se révélait une prémonition du futur.
Stop ! Rembobinons ! Non ! Ne jouons pas à nous faire peur.
Car la politique puisqu’il faut l’appeler par son nom, a élu domicile pour cinq jours au Spaziu Carlu Rocchi, devenu place publique du 25 au 29 novembre à l’occasion de la deuxième édition de Camera Pulitica. Un jeune festival de cinéma sans langue de bois, largement ouvert au débat d’idées, un espace de libre parole et de libre pensée, programmé par Arte Mare et Christophe Bourseiller, écrivain, historien, homme de radio à l’esprit critique acéré.
À ceux qui se méfient des beaux discours, des fake news des réseaux sociaux, rappelons que le cinéma ne prétend pas résoudre les problèmes mais seulement les montrer, révéler le monde en vingt-quatre images lumineuses, « vingt-quatre fois la vérité par seconde ».
Et puis a minima, si vous ne pouvez changer les opinions des gens avec un film, vous pouvez au moins engendrer une discussion politique, c’est-à-dire faire vivre la démocratie.
Conseiller éditorial : Christophe Bourseiller
Programmation cinéma : Arnaud de Gardebosc
Parrain du festival : Thierry de Peretti
DÉROULÉ CAMERA PULITICA
Mardi 25 novembre 2025
18h Conférence-cinéma d’Alain Luciani. Hommage à Michel Khleifi
19h La politique à voix haute. Performance de Damien Verdi
Cérémonie d’ouverture
20h45 Une enfance allemande : Île d’Amrum, 1945 (Amrum) de Fatih Akin.
Printemps 1945, sur l’île d’Amrum, au large de l’Allemagne. Dans les derniers jours de la guerre, Nanning, 12 ans, brave une mer dangereuse pour chasser les phoques, pêche de nuit et travaille à la ferme voisine pour aider sa mère à nourrir la famille.
Dans cette fresque romanesque bouleversante, le réalisateur reprend des thèmes familiers : la perte d’identité, la vengeance, mais cette fois dans un cadre historique, celui de l’après-guerre. Préoccupation récurrente, la montée du nazisme qui hante le cinéaste. Palabre avec Philippe Peretti
Mercredi 26 novembre
14h Les Braises de Thomas Kruithof.
Karine et Jimmy forment un couple uni, toujours très amoureux après vingt ans de vie commune et deux enfants. Elle travaille dans une usine : lui, chauffeur routier, s’acharne à faire grandir sa petite entreprise. Quand surgit le mouvement des Gilets Jaunes. Réalisateur et scénariste, Thomas Kruithof a signé Rétention en 2013, court métrage évoquant le sort des migrants, puis en 2016 le thriller politique, La mécanique de l’ombre et en 2021, Les promesses, celles d’une maire d’une ville de banlieue parisienne. Palabre avec Clara-Maria Laredo
16h Kika d’Alexe Poukine. Alors qu’elle est enceinte, Kika fait face à la mort soudaine de son compagnon.
Après les puissants documentaires Sans frapper et Sauve qui peut, Alexe Poukine signe un premier long-métrage de fiction. Un récit dur et doux à la fois, porté par une mise en scène naturaliste, fluide et enjouée, qui raconte la précarité économique et émotionnelle dans laquelle se trouve une assistante sociale suite à un grand malheur dont elle ne parvient pas à se relever. Palabre avec Françoise Ducret et Alexandre d’Oriano
18h Rencontre avec François de Closets animée par Pierre Négrel
Suivie d’une signature : Le secret des îles perdues Douze fascinantes histoires d’îles perdues, sur lesquelles vivent quelques centaines d’habitants. Ces mondes lilliputiens, loin d’être anecdotiques, sont des avatars du nôtre, accablé aujourd’hui par l’infiniment grand – le dérèglement climatique, le retour des épidémies et des guerres. L’exploration de ces territoires et de leurs stratégies de survie nous offre autant de fables dont nous devons connaître les moralités pour faire face à notre propre situation.
19h Discussions informelles autour d’un verre
20h45 À pied d’œuvre de Valérie Donzelli. L’ubérisation de la société.
L’histoire vraie de Paul, photographe renommé confronté à la précarité après avoir arrêté sa carrière pour se consacrer à l’écriture. D’après l’autobiographie de Franck Courtès, Valérie Donzelli construit un portrait intime, mise en scène épurée et interprétation sans faille de Bastien Bouillon, qui raconte la quête de sens. Prix du meilleur scénario à la Mostra de Venise en 2025. Palabre avec Françoise Ducret et Alexandre d’Oriano
Jeudi 27 novembre
9h15 The Président’s Cake du cinéaste irakien Hasan Hadi. Caméra d’or au Festival de Cannes. Une œuvre à la fois intime et universelle, oscillant entre le tragique et le burlesque, qui rappelle par moments le cinéma du grand réalisateur iranien Abbas Kiarostami dans sa manière de mettre en scène des enfants dans une fable butant sur la violence de la réalité. Palabre avec Christophe Bourseiller
14h Une enfance allemande : Île d’Amrum, 1945 (Amrum) de Fatih Akin présenté par André Fazi
16h Second tour d’Albert Dupontel. Journaliste politique en disgrâce placée à la rubrique football, Mlle Pove est sollicitée pour suivre l’entre-deux tours de la campagne présidentielle. Un film qui étrille le système politico-médiatique.
Suivi à 18h d’un débat : Crise du politique ? Crise du journalisme ? Tentative de bilan
Christophe Bourseiller, François de Closets, Julian Mattei, …
19h Discussions informelles autour d’un verre
20h45 Présidents d’Anne Fontaine du 27 au 29 novembre
Nicolas, un ancien Président de la République, supporte mal l’arrêt de sa vie politique. Les circonstances lui permettent d’espérer un retour sur le devant de la scène. Mais il lui faut un allié. Nicolas va donc partir en Corrèze, pour convaincre François, un autre ancien Président (qui, lui, coule une retraite heureuse à la campagne) de faire équipe avec lui.
Il s’agit de faire barrage au « péril fasciste » dans cette fable douce-amère sur le pouvoir. Palabre avec Christophe Bourseiller
Vendredi 28 novembre
10h Les dangers qui menacent la citoyenneté ateliers au collège (l’inégalité hommes femmes, la violence, l’ubérisation de l’économie)
Anne Fontaine, Christophe Bourseiller, Jérôme Leroy, Clara-Maria Laredo, Philippe Peretti
14h Always, Already, Weight, 25 mn, On tracks, 21mn de Roni Vainer
C’est un chaud été israëlien. L’équipe 3-C de l’IDF’s, nouvellement recrutée, travaille dur lors d’un énième jour d’entraînement. L’exercice d’aujourd’hui est un rite de passage fondamental vers l’autel de la masculinité : la pratique ciblée au champ de tir. Palabre avec Christophe Bourseiller
16h Ceux qui n’y étaient pas de Maria Francesca Valentini et Jean-Louis Orlandetti, présenté par Stephan Regoli
Une plongée sensible dans les traces laissées par l’épisode d’Aléria, cinquante ans après. Ni récit historique, ni plaidoyer politique, le film explore la mémoire collective à travers le regard de jeunes nés autour de l’an 2000. En présence de Léo Battesti Suivi de Pascal Ottavi pour In quelli anni di a brasgia présentation par François-Michel Durazzo et signature.
18h U mondu hè una scena de Nathanaël Maïni 52mn
Chaque année, depuis bientôt dix ans, dans le petit village perché de Rogliano en Corse, des femmes et des hommes à la vie ordinaire bouleversent leur quotidien et les habitudes de toute une communauté. Au fil des saisons, contre vents et marées, ils montent une pièce de théâtre au sein de leur troupe de théâtre amateur Cap in Scena. Cette année, ils ont choisi une pièce de Brian Friel, grand auteur irlandais, qui fait écho à leur vie insulaire. Palabre avec Christophe Bourseiller
19h45 Discussions informelles autour d’un verre
20h45 La Voix de Hind Rajab de Kaouther Ben Hania 2025, 89min
Janvier 2024. Les bénévoles du Croissant-Rouge reçoivent un appel d’urgence. Une fillette de six ans est piégée dans une voiture sous les tirs à Gaza. Ils vont faire tout leur possible pour lui envoyer une ambulance. Elle s’appelait Hind Rajab.
La réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania, attachée au festival Arte Mare où ses deux précédents films ont été primés (La Belle et la meute en 2017 et L’homme qui a vendu sa peau en 2020), a accompagné en 2023 à Bastia Les Filles d’Olfa, sélectionné en Compétition Officielle au Festival de Cannes et récompensé du César du meilleur film documentaire en 2024. La Voix de Hind Rajab remporte le Lion d’argent à la Mostra de Venise en 2025.
Samedi 29 novembre
14h Une citoyenne volontaire film de Jean-Pierre Mattei, portrait de Noëlle Vincensini
Discussion en présence d’Isaline Choury-Amalric.
16h Deux procureurs de Sergei Loznitsa
Union Soviétique, 1937. Des milliers de lettres de détenus accusés à tort par le régime sont brûlées dans une cellule de prison. L’une d’elles échappe à la destruction.
Impeccable et glaçant, le film entretient un climat de peur diffuse, signature des régimes totalitaires et qui n’est pas sans évoquer la situation de la Russie actuelle. On doit au grand réalisateur ukrainien des œuvres majeures, documentaires comme Blokada, Baby Yar. Contexte, ou de fiction, My joy, Dans la brume, Dombass.
Suivi à 18h d’un débat : Le fascisme. Et s’il revenait ?
Christophe Bourseiller, Jérôme Leroy, Wanda Mastor médiation Philippe Peretti
Signatures : La petite fasciste, Les Le Pen une famille française. Lectures : Sandra Casanova
19h Discussions informelles autour d’un verre
20h45 Le Mage du Kremlin d’Olivier Assayas.
Russie, dans les années 1990. L’URSS s’effondre. Dans le tumulte d’un pays en reconstruction, un jeune homme à l’intelligence redoutable, Vadim Baranov, trace sa voie. D’abord artiste puis producteur de télé-réalité, il devient le conseiller officieux d’un ancien agent du KGB promis à un pouvoir absolu, le futur « Tsar » Vladimir Poutine. Palabre de fin avec Christophe Bourseille
Avec François de Closets pour Le secret des îles perdues Journaliste et essayiste, il est l’auteur de nombreux ouvrages à succès, de Toujours Plus ! à Ils ont écrit ton nom, liberté, La parenthèse boomers, La France à quitte ou double. Après une carrière de journaliste spécialiste de sciences, d’économie et de santé, il continue à être conférencier. Membre du comité d’honneur de l’association au droit à mourir dans la dignité.
Jérôme Leroy, auteur de La Petite Fasciste, Les fêlures bleues. Quand le monde va mal. Les intrigues de ses romans jeunesse ou de ses polars ne sont peut-être pas dystopiques mais prédictives voire prophétiques.
Wanda Mastor est professeure agrégée de droit public. Ses travaux portent essentiellement sur le juge en France et aux Etats-Unis. Enseignante à l’Université de Corse où elle dirige notamment l’Ecole doctorale, elle est également programmatrice du cycle « politique et cinéma » pour le Centre culturel universitaire.
Clara Maria Laredo, révélée par le film « À son image », de Thierry de Peretti, la comédienne poursuit un cursus de sciences politiques.
Damien Verdi, professeur de lettres et de cinéma, est également chanteur-compositeur.
Françoise Ducret, programmation « vie littéraire », direction de la lecture publique de la CDC. Association Arte Mare.
Nathanaël Maïni, acteur, interprète, metteur en scène de théâtre et réalisateur.
Alexandre d’Oriano, docteur ès lettres, musicien, fondateur du festival San Ghjuvanni in’cantu, responsable du pôle patrimoine, s’investit dans le patrimoine et le milieu associatif insulaire.
Jean-Pierre Mattei, fondateur de la cinémathèque de Corse/Casa di Lume,président de l’association La Corse et Le Cinéma
Alain Luciani, enseignant et cinéphile.
Christophe Bourseiller, comédien, chroniqueur, historien et spécialiste des courants extrêmes de la politique. Les Le Pen, une famille française 25 au 30 novembre
Anne Fontaine, metteur en scène, scénariste, réalisatrice de 20 longs métrages dont Présidents, une comédie qui aborde des sujets de fond : discrédit de la classe politique, montée du Rassemblement national, place des femmes dans la société.
Pascal Ottavi, professeur de langue corse à l’Institut universitaire de formation des maîtres de Corse, docteur en sciences de l’éducation, écrivain pour In quelli anni di a brasgia
Léo Battesti, Chef d’entreprise, écrivain, Cofondateur du Collectif Maffia NÓ, a Vita Ié , Président de la ligue Corse d’échecs 1998/2021, médaille d’or jeunesse et sports
François-Michel Durazzo, poète, agrégé de lettres classiques et traducteur spécialisé dans les langues romanes. Il a traduit une centaine d’œuvres – romans, nouvelles, recueils de poésie. En 2020, il a reçu le Prix Laure-Bataillon.
Pierre Negrel, homme de culture, chroniqueur de la vie bastiaise et de son patrimoine, libraire d’envergure et journaliste à Corse-Matin.
Julian Mattei est journaliste à Corse-Matin et correspondant du Point en Corse. Il travaille notamment sur des thématiques liées à la culture, au nationalisme et au banditisme corse. Il est par ailleurs auteur de plusieurs ouvrages sur la littérature corse.
Patrick Vinciguerra journaliste, reporter politique, en poste à RCFM depuis 1994
André Fazi, maître de conférences en science politique à l’Université de Corse (Università di Corsica Pasquale-Paoli). Ses recherches portent sur la politique corse et méditerranéenne, les politiques régionales et multi-niveaux, et la question de l’insularité.
Stephan Regoli, réalisateur, producteur
